HOMO CHRISTUS

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II – Nouvelles Lois : Renversement de la Vision

Le monde que vous voyez

Chaque pensée que vous avez forme un segment du monde que vous voyez. Celui qui projette son Amour sur le monde voit l’abondance sur le point de le submerger, mais celui qui projette sa colère sur le monde voit partout la vengeance sur le point de le frapper.

En effet, celui qui projette une pensée d’attaque sur le monde se voit lui-même attaqué et il perçoit sa contre-attaque comme légitime défense. Celui qui est attaqué souffre car il ne comprend pas qu’il a été le premier à attaquer par ses propres pensées d’attaque. Le plus difficile à comprendre, c’est que l’attaque ne viendra pas forcément de celui ou de ceux qu’on a d’abord attaqué en pensée. Il est donc difficile pour celui qui attaque en pensée de comprendre que l’attaque qu’il reçoit en retour n’est que l’effet de ses propres pensées d’attaque.

Cela devient insidieusement un cercle vicieux jusqu’à ce qu’il soit désireux de changer sa façon de voir. Autrement, des pensées d’attaque et de contre-attaque préoccupent et peuplent son monde tout entier.

Jésus dit : « Si vous voulez changer votre perception du monde, et donc le monde lui-même, c’est avec vos pensées que vous devez travailler. Les pensées d’attaque sont la cause du monde que vous voyez. Vous devez apprendre que ce sont ces pensées que vous ne voulez pas. Rien ne sert de se lamenter sur le monde. Il est inutile d’essayer de changer le monde. Il est incapable de changer parce qu’il est simplement un effet. L’effet de vos pensées. Mais il est certes utile de changer vos pensées au sujet du monde. Là, vous changez la cause et l’effet changera automatiquement. Le monde que vous voyez est un monde vengeur, et tout en lui est symbole de vengeance. Chacune de vos perceptions de la réalité extérieure est une représentation imagée de vos propres pensées d’attaque. Vous voyez le monde que vous avez fait, mais vous ne vous en voyez pas comme le faiseur d’image. »[1]

D’ailleurs, les pensées où vous attaquez et celles où vous êtes attaqué ne sont pas différentes. Attaquer, même en pensée, c’est être attaqué. Dans le cas où vous vous demanderiez ce que veut dire attaquer, cela consiste en effet à attaquer mais aussi à juger, à s’outrer, à condamner, à se lamenter, ou encore à désespérer de tout ce que vous voyez.

Dans le cas où vous seriez désireux de ne plus attaquer, je vous invite simplement à ne plus porter de jugement de valeur sur ce que vous voyez et à simplement l’accepter tel que c’est : irréel. Irréel car ce que vous voyez n’est que le résultat d’une interprétation que vous faites du présent avec des données passées. Je vous invite à vous rendre compte que vous définissez automatiquement tout ce que vous voyez, objets, choses, gens et situations, en fonction de ce que vous avez appris d’eux dans le passé. Regardez par exemple ce livre que vous tenez dans les mains. Cela va vous surprendre mais, au présent, vous ne savez pas ce que c’est, ni à quoi ça sert. Vous ne le savez que parce que vous l’avez appris par le passé. Cette expérience est plus évidente avec un objet inconnu. En effet, face à un tel objet, vous goûtez au présent mais vous partez rapidement dans le passé pour essayer d’expliquer ce que vous voyez en y cherchant des informations qui pourraient vous aider à le définir. C’est un réflexe intellectuel égoïque que de chercher à expliquer le présent en fonction de données passées. Le présent est donc systématiquement interprété par le prisme du passé. Cela n’a que peu d’importance quand il s’agit d’objets mais en revêt une tout autre quand il s’agit de personnes, de relations et de situations. Une mauvaise expérience passée avec les chiens ? Tout chien est désormais une potentielle menace. Trahi un jour par un bel italien ? Tout bel Italien devient dès lors indigne de confiance ! Une mauvaise expérience de voisinage ? Méfiez-vous désormais des voisins ! De mauvaises expériences avec les artisans ? Les travaux se passent toujours mal ! En effet, le passé conditionne le présent de l’égo car c’est la seule façon qu’il a de traiter avec le présent qu’il ne comprend pas. L’égo est incapable de voir d’un œil neuf et utilise le passé pour définir le présent, d’où les schémas répétitifs qui font tant souffrir puisque pour lui il est impossible qu’une situation puisse se dérouler différemment de ce qu’il connaît déjà. Même face à la nouveauté, il tentera de l’interpréter à la lumière de ce qu’il connaît. Je vous invite alors à voir d’un œil systématiquement neuf, sans vous baser sur la connaissance acquise qui pourrait définir ce que vous voyez, car en définissant ce que vous voyez en fonction du passé vous rater le « présent » qui vous est offert.

Je m’explique par un exemple que j’ai vécu. Pour clarifier le contexte, quelques jours avant l’événement décisif, un proche me raconta qu’il fut pris de terreur lorsqu’il vit une sorte de frelon noir de la taille d’un pouce sur le plafond de sa voiture, alors qu’il allait s’engager dans un rond-point. Pris de panique, il s’arrêta sur le bas-côté et gifla le frelon pour le faire sortir de sa voiture par la fenêtre ouverte côté passager. Manque de bol, un « clap » sourd entre la porte côté passager et le siège laissa entendre qu’il avait chuté là. S’en suivit une fouille chirurgicale de la voiture pour trouver le trouble-fête. En vain. N’ayant pas réussi à le retrouver, il dut se résoudre à reprendre la route avec l’espoir qu’il était finalement sorti de lui-même. C’est alors que vint mon tour. Alors que nous étions tranquillement attablés en famille un midi de printemps ensoleillé, voilà que deux énormes insectes noirs volants vinrent menacer notre paix avec leur bourdonnement d’outre-tombe. Ils ne nous menaçaient pas directement mais avaient tendance à voler un peu trop près parfois. À l’écoute, la petite Voix me rassura qu’il n’y avait rien à craindre et qu’ils ne nous voulaient aucun mal. C’est alors que l’égo déboula en me brandissant l’histoire du frelon noir : « siiii souviens-toi du frelon noir dans la voiture ! Ces gros machins noirs sont énormes comme eux ! Ce sont des frelons noirs, ils vont vous piquer c’est sûr ! C’est la nourriture qui les a attirés, et en plus, il y a les enfants ! Tu ne dois prendre aucun risque ! Souviens-toi aussi du nid de frelons européens sur ton toit il y a trois ans, et de la fois où ton bébé a failli poser sa toute petite main sur le gros frelon qui s’était posé à côté de lui alors qu’il jouait innocemment ! Ne prends aucun risque, tue-les ! Tue-les, viiiite !! ». Alors que je racontais tout ça à mon mari tout en courant me réfugier à l’intérieur avec tout le monde, je l’urgeais de me « bomber » ces monstres. Dans le même temps, la petite Voix me rappela une deuxième fois que je n’avais rien à craindre car ils n’étaient pas ce que je croyais. « Je ne dois prendre aucun risque ! Tuons-les ! » Alors que la bombe tueuse cracha son venin sur l’un des deux « monstres », le deuxième s’enfuit à tire-d’aile et mon cœur se serra… on venait de tuer un innocent, je l’avais ressenti. Le « monstre » tomba au sol en quelques secondes si bien que je reconnus rapidement les couleurs sur son dos : deux larges bandes jaunes… une femelle scolie des jardins… important pollinisateur de nombreuses espèces de plantes, prédateur efficace de petits insectes contribuant à maintenir l’équilibre écologique dans son habitat naturel et symbole de puissance et de force en Asie. Autrement dit, aucun danger à l’horizon. « Je t’avais bien dit qu’ils ne te voulaient aucun mal ». Je fis bonne figure devant les autres victorieux, mais intérieurement, je tombai à genoux devant le Créateur et cette pauvre bête, les suppliant de me pardonner. Pourquoi avais-je été si sourde à la petite Voix qui, pourtant, ne m’avait jamais trompée et toujours dit la vérité ?

« L’égo et ses arguments ont révélé les failles de ta foi. Tu as clairement entendu Ma Voix mais tu as choisi l’attaque par habitude, par facilité et par peur. Cette expérience t’a démontré que tu M’entends clairement et que tu peux Me faire confiance car Je ne faillirai jamais à te protéger si seulement tu veux bien me faire confiance. Vois chaque situation et chaque chose d’un œil neuf et s’il s’avère que la peur s’empare malgré tout de toi, c’est que tu ne regardes toujours pas au bon endroit. »

Je pleurai intérieurement sur la mort de cette scolie, lui demandai pardon et lui promis qu’elle ne serait pas morte en vain car désormais, « avant de bouger ou de parler, j’examinerai attentivement mon esprit, le mettrai en état de stabilité et agirai comme il se doit ».[2]

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[1] « Un Cours en Miracles, Leçon 23 », Helen Schucman, 1975

[2] Shantideva, philosophe indien madhyamika, une branche du bouddhisme mahāyāna, VIIIe siècle après J.-C.